En 2024, je nous souhaitais de faire le pari de la confiance. En 2025, je vous invite à faire un pas de plus, un pas plus exigeant, plus radical peut-être : faire le pari de l'espérance.
2024 nous a peut-être laissés avec le goût amer de la déception. Guerres, peurs, fractures sociales, dérèglement du climat, instabilité politique... Autant de vents contraires. Et pourtant : il ne faut pas renoncer. Car c’est justement dans ces nuits d’inquiétude que l’espérance prend tout son sens.
Comme l’écrivait Bernanos : "La plus haute forme de l’espérance, c’est le désespoir surmonté. Quand on va jusqu’au bout de la nuit, on rencontre une autre aurore."
Espoir ou espérance ? Une nuance décisive
On confond trop souvent espoir et espérance. L’un est fragile, l’autre est fort. L’un est tourné vers ce que l’on attend, l’autre vers ce que l’on vit.
Différente de l’espoir, l’espérance n’attend pas simplement que les choses changent. Elle s’enracine dans le présent, dans une attention profonde à ce qui est déjà là, et dans une ouverture au possible, au-delà des apparences. Là où l’espoir peut décevoir, l’espérance transcende, nous libérant de la peur de l’échec et nous invitant à une confiance pure. C’est une audace qui nous pousse à agir avec courage pour un avenir plus digne et plus beau.
Seul le pari de l’espérance est encore crédible aujourd’hui, car, comme le rappelle Saint Paul : "L'espérance ne déçoit pas." (Rm 5, 5)
L'espérance est audace
Face au découragement, l’action devient l'antidote du désespoir. L'espérance n'est pas une attente passive : elle est un levier de transformation. Elle ose voir au-delà, elle nous pousse à choisir ce qui élève, à croire que nous avons du pouvoir sur le cours des choses, même minime.
Le pape François écrit dans Fratelli Tutti : « L’espérance est audace. Elle sait regarder au-delà… pour s’ouvrir à de plus grands idéaux. »
Et Goethe nous confie : « L’audace a du génie, de la puissance, de la magie. Commencez dès maintenant. »
Il s’agit bien ici de choix courageux, de petits actes concrets, de décisions prises à contre-courant, mais toujours tournées vers la vie. L’espérance est risque, comme l’écrivait Bernanos, et elle ne se gagne qu’au prix de la vérité et de la nuit traversée.
L'espérance éducative
C’est sans doute dans l’acte d’éduquer que l’espérance devient la plus tangible.
Car éduquer, c’est parier sur l’avenir d’un autre. C’est croire que chaque élève, chaque jeune, porte en lui une promesse. Une graine de lumière, même dans les sols les plus arides.
Paul Malartre le disait avec justesse : « Espérer en l’élève, c’est aimer son avenir. »
Dans un contexte où les éducateurs se sentent parfois isolés, démunis, voire découragés, il est plus que jamais essentiel de raviver cette flamme éducative, cette passion d’espérer. Toute personne est Espérance incarnée, signe de vie. L’école, les lieux de transmission, les équipes pédagogiques peuvent devenir des lieux de vie, de recommencement, d’aurores nouvelles.
Le pari de l'espérance !
Même si les certitudes d’hier paraissent éteintes, et si les bourgeons de demain ne sont pas encore visibles, osons nous engager sur des chemins d'espérance. Des chemins incertains, parfois escarpés, mais porteurs de vie.
Spes contra spem – espérer contre toute espérance – disait saint Paul. Voilà le vrai pari de notre temps.
En cette année jubilaire qui s’ouvre, comme nous y invite le pape François, devenons des pèlerins d’espérance. Dans nos vies personnelles, familiales, professionnelles, associatives, éducatives. Soyons des témoins joyeux au cœur d’un monde qui doute. Pas des optimistes naïfs, mais des hommes et des femmes habités par une foi active, enracinée dans l’évangile et tournée vers un avenir à aimer.
Et si aimer était l’acte d’espérance ultime ?
En définitive, tout cela ne nous invite-t-il pas à aimer davantage ?
Non pas pour "sauver le monde" – ce monde n’est pas à sauver, il est à aimer. Comme il est. Dans ses tensions et ses promesses. Dans ses blessures et ses germes de beauté. Aimer plus fort, plus vrai, plus librement.
« Aime, et fais ce que tu veux. » disait saint Augustin.
En 2025, faisons de l’espérance un style de vie. Et de l’amour, notre cap.
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