dimanche 24 septembre 2023

Intelligence collective et synodalité : quels principes partagés ?

A l'occasion de la formation « Animer des réunions impliquantes en intelligence collective » que j'ai co-animée avec Lise d'Imagine une Histoire pour le compte du Diocèse de Lille, j'ai exploré les parallèles et les ponts possibles entre les deux concept d'intelligence collective et de synodalité qui se développent depuis quelques années et dont voici le support de présentation.

Pour rappel, la synodalité est un mot récent (un néologisme) qui désigne la réalité, la qualité, d’une église dans laquelle tous les membres « marchent ensemble » ( syn-odos) et suivent ensemble le Christ, le véritable « chemin ». Dans le catholicisme, un synode correspond à une assemblée délibérative d’ecclésiastiques.

Quant à l'intelligence collective, c'est un concept qui désigne la capacité d'un groupe d'individus à coopérer ensemble pour résoudre des problèmes plus efficacement que s'ils travaillaient isolément. En effet, "aucun de nous ne sait ce que nous savons tous ensemble." Euripide


Bien que la synodalité soit spécifiquement associée à la gouvernance ecclésiastique, et l'intelligence collective à des processus de groupe plus généraux, elles partagent des principes fondamentaux communs. Dans les deux cas, ces approches visent à tirer parti de la sagesse collective pour prendre des décisions éclairées et répondre aux défis actuels.

Dans cet article de blog de 2015, j'avais déjà osé le parallèle entre 2 événements majeurs qui se déroulaient en région Nord Pas-de-Calais : d'une part, la Troisième Révolution Industrielle (devenue rev3) pour "faire de la région, un territoire pionnier de l’économie de demain basée sur les énergies renouvelables et les technologies de l’internet", et d'autre part, le synode provincial des Eglises de Lille-Arras-Cambrai (LAC) pour "Inventer les paroisses de demain". Dans les 2 cas, il s'agissait pour les participants de se mettre à l'écoute des signes et des grands enjeux de notre temps afin de discerner ensemble et co-élaborer en intelligence collective des décisions impliquant le futur des institutions et parties prenantes présentes. 


Voici donc une liste des principes communs partagés entre intelligence collective et synodalité : 

- Participation et collaboration : La synodalité est un modèle de gouvernance ecclésiastique qui met l'accent sur la participation active des membres de l'Église à la réflexion commune. Elle encourage la collaboration et la délibération entre les différentes parties prenantes de l'Église. L'intelligence collective repose également sur la participation active et la collaboration de diverses personnes pour résoudre des problèmes, prendre des décisions ou générer des idées. Elle favorise la synergie des compétences et des perspectives individuelles.


- Écoute et dialogue : Dans un processus synodal, l'écoute mutuelle et le dialogue sont essentiels. Les membres de l'Église sont encouragés à s'écouter les uns les autres, à partager leurs expériences et à discuter ouvertement des questions en jeu. L'intelligence collective repose sur la communication ouverte et l'écoute empathique. Les participants sont encouragés à écouter activement les autres et à exprimer leurs points de vue de manière respectueuse, ce qui favorise la compréhension mutuelle.


- Diversité des perspectives : La synodalité reconnaît la diversité des opinions au sein de l'Église et cherche à les intégrer dans le processus décisionnel. Elle valorise les différentes perspectives et expériences des membres. L'intelligence collective tire sa force de la diversité des compétences, des connaissances et des points de vue des participants. Elle vise à exploiter cette diversité pour obtenir des solutions plus riches et plus créatives.


- Prise de décision collaborative : La synodalité implique généralement une prise de décision collective, où les membres de l'Église participent à la formulation des décisions et des orientations de l'Église. L'intelligence collective favorise la prise de décision collective en utilisant des méthodes telles que le consensus ou la délibération pour parvenir à des décisions qui sont le résultat de la contribution de tous les participants.

- Adaptabilité et évolution : La synodalité permet à l'Église de s'adapter aux défis et aux évolutions de la société en encourageant un processus continu de discernement et de réflexion. L'intelligence collective favorise également l'adaptabilité en permettant aux groupes de s'ajuster rapidement aux changements et de générer des solutions innovantes en réponse à des problèmes émergents.

Même s'il convient qu'un changement de paradigme sur les manières de coopérer dans nos institutions est nécessaire pour être plus ajusté à l'évolution du monde et de la société, il ne s'agit pas non plus de passer d'un extrême à l'autre, d'un dogme de la subordination à celui de la collaboration mais d'oser la complexité et d'explorer de nouvelles manières de faire. "Comme toute institution et communauté, l'Eglise catholique a besoin de travailler à toujours plus et mieux à faire place à l’initiative et à la responsabilité de chacun en intelligence collective."

dimanche 15 janvier 2023

2023, une année placée sous le signe de la reconnaissance !

En 2023, je vous souhaite d'exercer votre pouvoir de reconnaître ! 


Parce que la reconnaissance est cette ‘mémoire du coeur’, parce que c’est ‘apprendre à connaître à nouveau’, parce que c’est ‘mettre au monde l'autre’, parce que la reconnaissance tisse la trame de notre commune humanité, je vous souhaite d’exercer votre pouvoir de reconnaître durant cette année 2023 (et même après) !

Reconnaître ses proches, ses amis mais aussi l’étranger et soi-même. Exprimer de la gratitude. Dire merci à la vie d'être au monde. 

Cette reconnaissance, si on la décompose : ‘re-conaissance’, ‘reco-naissance’ ; une connaissance pour porter un regard neuf sur le monde et aller de naissance en naissance….

« Peut-être que l’on ne peut se reconnaître que dans autrui. Peut-être qu’il faut passer par quelqu’un d’autre que soi pour se connaître et se reconnaître. » Christian Bobin

A child's heart contemplating the dawn - Image generated by Midjourney

vendredi 28 octobre 2022

2040, Et si on slashait ?!

La première édition de la Biennale ECOPOSS, "Osons l'éloge du futur !" a eu lieu du 26 au 30 octobre 2022. Organisée par l'Université catholique de Lille, il s'agit d'une "grande dynamique citoyenne, scientifique, artistique, pédagogique" qui est amenée à "faire naître un rapport différent à l'autre, à la nature, à l'humanité, à la technique". 

Dans ce contexte, j'ai été invité par Techshop Lille à co-animer un atelier intitulé 'X Ray Management’ avec HÉMiSF4iRE - Design School autour des compétences cachées et des mad skills, de la pédagogie expérientielle et du maquettage et dont je vous partage la copieuse restitution. 

L'atelier a démarré sur une introduction sur la notion de "Mad Skills" définie comme des compétences : 

  • originales, singulières et hors du commun 
  • développées via des activités extraprofessionnelles (non conformistes, non conventionnelles dans le contexte professionnel de la personne)
  • et transposables en entreprise 
Ces compétences dites "folles" peuvent être rapprochées de la notion de talent mais également de génie, qui, historiquement, est liée à celle de folie. Elles font également échos à la tendance à l'hybridation des compétences et des expériences de vie extraprofessionnelle débouchant ainsi sur de nouveaux métiers en entreprise comme par exemple ceux de consultant-dessinateur, de maker éducateur ou de technopédagogue, de creative technologist ou de celui de patient expert.  

Plus globalement, dans un contexte d’archipellisation de la société, du développement du travail à la demande et du travail à distance, de la quête de sens des individus et d’épanouissement au travers d'activités rémunérées et choisies, se développe la figure du slasher, un travailleur cumulant plusieurs activités professionnelles en même temps (un pluri-actif). 

Voici le support de cette présentation.


L'atelier s'est ensuite poursuivi par un atelier de maquettage en équipe d'une idée sous contrainte (et avec élégance) pour faire prendre conscience de ses compétences cachées qui pourraient être utiles à son organisation. En effet, il est bon de connaître ses talents et d'en faire profiter le collectif car comme le dit Jean Duforest : "J'ai trop souvent vu dans mon entreprise des chèvres qui voulaient faire du miel et des abeilles qui voulaient faire du lait !"

Puis l'atelier a continué par la lecture d'une prospective fiction, écrite spécialement pour l'occasion et retraçant la journée de Christophe, véritable slasher en 2040 à la fois maker / aidant / réparateur de cycles / sculpteur virtuel dans le métaverse / permaculteur et qui développe différentes compétences et talents en fonction de ses diverses activités.


Cette histoire cherche à questionner notre rapport au monde physique / virtuel, à valoriser l’état d’esprit du faire et la culture des makers dans le futur, à montrer l’importance des mad skills et des valeurs de l’artisanat dans l’évolution du monde du travail, et à poser cette question : 'Et si les slashing devenait la norme de l’organisation du travail demain ?'

Cette fiction s'inspire librement de différentes sources comme celle de la dernière édition de la Maker Faire Lille 2022, de différents ouvrages comme celui de Bernard Stiegler, L'emploi est mort, vive le travail ! ou de celui de Laëtitia Vitaud, Du labeur à l'ouvrage : Pourquoi l'artisanat est le futur du travail, du film documentaire Why do we even work? (2022) et de la vision de la Maker City. La conclusion reprend le résumé du livre de Philippe Gabilliet, L'Eloge de l'audace et de la vie romanesque. Et si l’éloge du futur débouchait sur l’éloge de l’audace ?! Car il suffit d’oser…  

Je tiens à remercier particulièrement Noémie Aubron de l'agence d'innovation 15marches qui m'a partagé ses bonnes pratiques et recettes pour écrire un récit de prospective fiction. La méthode est notamment résumée dans cet article. Je vous invite à découvrir la newsletter Futur(s) par 15marches, dans laquelle Noémie raconte le futur en fictions, avec un regard à l'intersection entre évolution de nos comportements et du numérique. <3

Après cela, l'atelier s'est prolongé par un dialogue uchronique en 2040 avec Christophe W. qui nous a partagé ses souvenirs du futur et nous a raconté son parcours, sa vie, son oeuvre de slasher... 

Christophe W., voyageur du futur et sculpteur virtuel dans le métaverse...

Enfin, l'atelier s'est conclu par la rédaction et le partage d'une carte postale du futur, prétexte à partager nos meilleurs souvenirs et rêves du futur. 


Ces formats inédits de prospective fiction, testés à ECOPOSS, vont, à mon sens, se développer dans les prochaines années, tant le besoin d'inventer de nouveaux récits collectifs et désirables devient urgent et vital dans notre époque de nouvelle Renaissance !  

Oser l'éloge du futur, c'est selon moi, faire le pari de la confiance en l'avenir et surtout, cultiver la gourmandise du futur ! Bon appétit :-P
   

lundi 3 janvier 2022

Belle année 2022 reliée !


Je vous souhaite une belle année 2022 reliée !

Une année qui relie parce que ce qui nous lie nous grandit.


et car… tout est re-lié dans notre monde complexe aux multiples crises systémiques (sanitaires, sociales, économiques, écologiques…). 


Or, comme l'explique Edgard Morin, « la pensée complexe est la pensée qui relie. Il faut, pour tous et pour chacun, pour la survie de l’humanité, reconnaître la nécessité de relier, de se relier aux nôtres, de se relier aux autres»


De plus, la complexité (du latin ‘complexus’, tisser des liens) peut nous rendre libre : les liens ne sont pas facteurs d’aliénation, bien au contraire, ils nous libèrent ! 


L'éducation elle-même est d'abord une relation… et elle nous apprend la relation : nous naissons immatures, puis nous nous inventons dans notre relation aux autres. Michel Serres dans le Tiers-Instruit écrivait que « Tout apprentissage consiste en un métissage» L’éducation est indissociable du métissage des cultures.


Tout part en effet du lien. Au commencement est la relation, ‘le lien qui nous rattache aux autres’ comme le raconte si bien Jean-Claude Ameisen dans l'émission Sur les épaules de Darwin. « Nous ne savons pas à quel point est profondément ancré en nous le lien qui nous rattache aux autres ou, en d’autres termes, à quel point serait étrange l’idée d’un ‘Je’ qui existerait en l’absence d’un ‘Nous’ » car « le monde subjectif est aussi un monde intersubjectif, le monde de ‘Je’ et de ‘Tu’, et tracer une frontière entre les deux n’est pas facile, parce que les autres font partie de nous. » écrit Siri Hustvedt dans La femme qui tremble.


C'est pour cela qu'en 2022, je vous souhaite de continuer à créer des ponts et à tisser des liens : avec les personnes et les vivants que vous rencontrerez, entre les disciplines que vous étudierez, entre les univers que vous explorerez.


En tant qu'entrepreneur dans l'éducation, je continuerai de bâtir des relations de confiance entre les acteurs de l’entreprise, du territoire et de l’éducation car une grande partie des réponses aux défis de notre Temps viendra de l’ouverture et de la collaboration en intelligence collective.   


En 2022, faisons de nos espaces, des lieux de relation et continuons de renforcer nos liens ! 


Belle année reliée… à vous-même, aux autres et au monde !


« Qui se soucie de cet entrelacement de causes invisibles, d’effets inconnus qui tissent la trame de nos jours ? » Paul Guimard


Concours du tissage du plus grand karma (foulard en coton à damier traditionnel du Cambodge)
Photo Samrang Pring à Phnom Penh 


samedi 2 janvier 2021

2021, une année pleine de sens !

Confiance et Optimisme pour l’année 2021

Confiance et Optimisme pour l’année 2021 ! 

Une année pleine de (bon) sens… c’est ce que je nous souhaite après une année 2020 où nous avons perdu certains de nos repères, où nous avons été immergés dans l’incertitude et où nous avons dû apprendre à naviguer à vue, à travers les vagues épidémiques, sans nous laisser submerger par la peur. 


Une année 2020 en bleu, pour reprendre la belle expression de Martin Steffens, auteur de la Vie en bleu, pourquoi la vie est belle même dans l’épreuve car la vie n’a pas besoin d’être parfaite pour être merveilleuse. Un moment de vide... de Co-vide où nous avons été à la fois seuls confinés et ensemble soudés, seuls ensemble en quelque sorte. Une invitation peut-être à nous recentrer sur l’essentiel dans nos vies : redécouvrir notre intériorité, nos liens d’amour et d’amitié, oser suivre sa propre voie, voir le monde comme si c’était la première fois…


Car dans la tempête, ce qui nous permet tout de même d’avancer dans la bonne direction c’est la vision d’où nous voulons aller ; garder le cap quand les éléments tout autour de nous se déchaînent. Pour cela, il nous faut avoir un phare et des étoiles pour nous guider : en cette période d’Epiphanie après Noël, je nous souhaite de suivre l’étoile des mages prenant la route et d'être vous-même un phare pour éclairer votre route et surtout celles des autres. 


En 2021, « il est grand temps de rallumer nos étoiles » & de parier sur la confiance en l'avenir pour que nos bons voeux se réalisent et nous réalisent ! 

 

mardi 12 novembre 2019

Soirée Vivre l’économie autrement - L'entreprise altruiste

Le mardi 5 novembre 2019, a eu lieu la soirée "Vivre l'économie autrement" sur le thème de l'entreprise altruiste, organisée par Nicolas Cordier au Centre Spirituel du Haumont en écho au nouveau livre d'Isaac Getz et Laurent Marbacher, sorti chez Albin Michel

Cette thématique rejoint une question majeure dans les entreprises : comment œuvrer vraiment pour le bien commun tout en prospérant ?


D'après les auteurs, une entreprise altruiste est une entreprise dont toutes les activités de coeur de métier servent ses interlocuteurs externes - clients, fournisseurs, communauté locale, jeunes, anciens - de façon inconditionnelle et qui, grâce à cela prospère.

Ces entreprises ont le bien commun comme unique ambition, sans le conditionner à la recherche du profit. Par le principe d'obliquité, ces entreprises altruistes sont pourtant très prospères ! Commencer par s'arrêter pour se transformer, faire le pari de confiance en l'autre, savoir donner avant de recevoir, transformer ses clients en amis fidèles par une relation authentique tels sont quelques principes que ces entreprises appliquent en se focalisant d'abord sur la valeur sociale plutôt que sur la création de valeur économique qui en est une conséquence indirecte.

Retrouvez le compte-rendu de cette soirée en mind mapping de cette soirée téléchargeable ici et sur Slideshare.


Alors, prêt à s’enrichir en donnant tout ?! 


lundi 7 janvier 2019

Pétillante année 2019 ! 🍾


Inspiré par le fameux extrait de La première gorgée de bière et autres plaisirs minuscules de Philippe Delerm, je vous souhaite une pétillante année 2019 ! :-)

Deux mille dix-neuf, pour regarder l’avenir avec un regard neuf, pour faire de chaque matin une année nouvelle, pour vivre chaque nouvelle journée au charme que nous lui trouverons lorsqu’elle ne sera plus qu’un souvenir, pour voir enfin les choses comme si c’était la première fois : le sublime privilège de l’enfance ! 👶

Car comme l’écrivait Jean d’Ormesson : « il faut aller de l’avant, vers l’avenir. Ce qu’il y a de mieux dans la vie, c’est l’avenir, ce sont les enfants. Le monde n’est fait que de matins et d’enfants. »
🦄 En bonus, voici un petit message optimiste de l’Institut des Futurs Souhaitables pour bien démarrer l'année !! 🙏