dimanche 12 juin 2016

La révolution de l'Empowerment !

Après plusieurs mois d'exploration des nouveaux modèles de société et d'entrepreneuriat dans le monde des makers, je constate un grand point commun aux solutions de demain qui s'inventent dès aujourd'hui : la montée en puissance des individus qui agissent ensemble pour changer leur monde. 
Bienvenue dans le siècle de l'Empowerment


Plusieurs termes en français essaient de traduire l'empowerment, en voici quelques unes : 'Empuissantement', Capacitation, Emancipation, Autonomisation, Responsabilisation, 'Empouvoirement'... 

L'empowerment est d'abord individuel : c'est le pouvoir d’agir d'un individu, c'est le pouvoir d'être acteur et maître de son destin. Au niveau collectif, c'est prendre du pouvoir pour agir collectivement. 

Donner de l'empowerment, c'est rendre capable d’agir, c'est donner des moyens (et pas seulement des droits) et des capacités à d'autres d’agir, c'est octroyer plus de pouvoir aux individus. C'est donc rendre autonome et donner l'envie ou plutôt "donner l'envie d'avoir envie" pour reprendre la célèbre chanson de Johnny : L'envie, dont je vous invite à relire les paroles

L'empowerment, c'est donc un chemin vers l'émancipation tant individuelle que collective.

Le préfixe ‘em’ témoigne de l’idée de mouvement ; le radical ‘power’ signifie en français ‘pouvoir’ et enfin le suffixe ‘ment’ rend le résultat tangible. Ainsi, “on peut considérer que la notion d’empowerment renvoie globalement à un mouvement d’acquisition de pouvoir qui débouche sur un résultat tangible” d'après Mickaël Le Mentec.

Le dernier Forum Changer d'Ère #4 en juin 2016 à la Cité des Sciences de Paris traitait justement de l'Empowerment : partager le pouvoir à l’ère des réseaux sociaux. Voici mes quelques notes téléchargeables ici.

L'empowerment est fortement lié aux notions de pouvoir, de liberté, de responsabilité et d'autonomie

André Comte-Sponville distingue les formes de pouvoir : le "Pouvoir de" (la puissance) par rapport au "Pouvoir sur" (l'autorité). Pour lui, l'empowerment, c'est permettre aux autres de vouloir, c'est augmenter leur puissance d'agir, c'est augmenter leur "pouvoir de" mais c'est aussi quelques fois accepter de diminuer son "pouvoir sur"

Dans le très complet article "Brève histoire de l’empowerment : à la reconquête du sens politique" de Valérie Peugeot, on peut lire que "selon Marie­-Hélène Bacqué et Caroline Biewener, l’empowerment originel recouvre trois dimensions : le pouvoir de changer ma vie en tant qu’individu, la capacité à me donner les moyens de mon développement personnel (ce qu’on appelle aussi le capacity building) ; le pouvoir avec ma communauté de transformer mes conditions de vie, dans une approche d’action collective, de solidarité de proximité ; et enfin le pouvoir sur la société, dans une acception plus politique."

Pour Luc Simonet, le fondateur de la Ligue des Optimistes"je suis le maître de chacune de mes pensées et pas l'inverse. Si j'ai le pouvoir sur ma pensée, je suis donc libre. Si j'ai ce pouvoir et cette liberté, je suis aussi responsable ; responsable de ma vie, de mon bonheur ou de ma joie, de mon environnement." En effet, "un grand pouvoir implique une grande responsabilité." (Spiderman)...

Mon empowerment ou ma liberté augmente celle des autres, : c'est une puissance 'avec' et non pas 'sur'.

L'autonomie augmente l'empowerment. On pourrait définir qu'être autonome, c'est être libre par rapport à une loi ("nomos") qu'on s'est fixée à soi-même ("auto") à savoir se soumettre à sa propre loi. Plus je suis autonome, plus je prends confiance en moi et plus j'ai de pouvoir d'agir. 

Une célèbre citation de Lao Tseu nous conseille justement de rendre autonome plutôt que de rendre dépendant : "Si tu donnes un poisson à un homme, il mangera un jour. Si tu lui apprends à pêcher, il mangera toujours."

Dessin d'Etienne Appert pour les ROUMICS sur les Tiers-Lieux
« Le sujet autonome n'est pas seulement celui qui pense et agit par lui-même, mais celui qui pense et agit de manière juste." Spinoza

On peut donc simplifier la recette de l'empowerment par la formule : 
Autonomie + Responsabilité = Empowerment

Ce n'est pas sans rappeler une autre équation proposée par Laurence Vanhée, Chief Happiness Officer sur l'entreprise libérée et le bonheur en entrepriseLiberté + Responsabilité = Performance + Bonheur (cf conférence Vivre l'Economie Autrement)

En aparté, on préférera parler d'entreprise libératrice (des énergies des salariés, ..) plutôt qu'entreprise libérée c'est-à-dire une entreprise qui essaie de développer l'empowerment de ceux qui y travaillent.

"Etre Homme, c’est précisément être responsable, c’est sentir, en posant sa pierre, que l’on contribue à bâtir le monde." Antoine de Saint-Exupéry

L'empowerment peut prendre différentes formes selon le contexte :

- historiquement, pour désigner la lutte féministes pour la reconnaissance des droits des femmes
- dans les politiques d'aides au développement des pays et des peuples, c'est un moyen de lutte contre la pauvreté - par exemple, l'approche SALT développée par l'association La Constellation 
- dans l'économie, en donnant de l'autonomie à ses clients à l'inverse de créer et susciter le besoin afin de rendre nécessaire l'acte d'achat
- dans sa propre consommation personnelle, en changeant d'alimentation par exemple


- mais également en politique, la capacité des citoyens, des habitants à reprendre le pouvoir sur leur existence et dans leurs quartiers. Et comme "on ne jouit pas du pouvoir, on l'exerce", on dira plutôt « Exercez votre pouvoir ! » de citoyens plutôt que sa forme démagogique « Prenez le pouvoir ! ». Ainsi, la première édition du magazine Up Le Mag du groupe SOS écrivait un dossier sur l'empowerment citoyen.


Empowerment et Numérique : vers une révolution émancipatrice

"Tous experts, tous journalistes, tous chanteurs, tous coproducteurs. C’est une véritable métamorphose" nous dit l’anthropologue Alain de Vulpian. C’est "l’inversion de la présomption d’incompétence" nous dit le philosophe Michel Serres.

Ainsi, l'accès aux nouvelles technologies nous donnent de nouveaux super-pouvoirs et contre-pouvoirs comme nous le rappelle Muhammad Yunus, prix Nobel de la Paix en 2006 et initiateur du micro-crédit à propos de la jeunesse"I feel some jealousy ! I am jealous regarding the young generation : every human being has unlimited creativity, and today young people have superpowers thanks to new technologies. We didn't have this before. If you use your creativity and new technologies, you can totally redesign the system. If you don't use it, your superpowers will be wasted. Go and change the world !” 

Ainsi, le numérique donne plus de pouvoir à l'individu ; c'est ce qu'explique, Benoît Thieulin, ancien président du Conseil national numérique dans l'article éclairant : la logique de « l’empowerment ».

"Ce qui me semble le plus important, dans les pratiques qui se développent actuellement, c’est que le numérique offre des capacités, des moyens, et donc du pouvoir aux gens. C’est cela la révolution de l’empowerment. Beaucoup d’auteurs soulignent que l’on assiste quasiment à une révolution marxiste, dans la mesure où les coûts de production des outils d’expression et de communication se sont effondrés, provoquant une grande démocratisation des pratiques (la musique, l’écriture, l’image, la diffusion…). L’effondrement de ces coûts remet en cause énormément de business models. Que ce soit pour écrire, pour donner son avis, pour faire de la musique, pour la diffuser, les gens disposent d’énormément de capacities comme disent les Anglo-Saxons. Et cela continue, au fur et à mesure où l’onde de choc de la révolution numérique frappe, un à un, les secteurs." 


Nils Aziosmanoff parle d’"Empowerment créatif" dans cet article du Digital Society Forum : "Depuis trente ans, la démocratisation des moyens numériques a considérablement augmenté les capacités de création et de diffusion. Le numérique augmente donc les possibilités d’expression et de partage, et cet « empowerment créatif » favorise la diversité et le maillage des cultures. Le niveau global des amateurs augmente également grâce à une émulation plus intense. (…) Ce phénomène va encore s’amplifier avec les dynamiques d’inter créativité issues des makers, du do it yourself et de la production collaborative. (...) Dans le monde entier cette création est foisonnante, elle rencontre un public de plus en plus nombreux et familier des usages numériques. Mais pour que cette création puisse s’épanouir, il lui faut des lieux adaptés, des passerelles qui stimulent les échanges interdisciplinaires et favorisent les porosités et les hybridations. Car c’est toujours dans la rencontre que la nouveauté apparaît, ce que le numérique permet de décupler par les multiples liens qu’il permet.  C’est une véritable révolution culturelle, et je suis souvent étonné du manque de vision des institutions sur ce sujet, on continue de penser en silo alors que l’interdisciplinarité et le chaos créatif sont de puissants moteurs du renouveau culturel. Aujourd’hui, avec la convergence de la création numérique, de la production collaborative et des makers, chacun de nous va devenir un créateur producteur. Cette dynamique place l’altérité et l’inter créativité au cœur du jeu social. Nous allons passer du concept du beau pour tous à celui du beau par tous. Cet empowerment va provoquer une révolution culturelle et économique d’une intensité sans précédent. Nous devons saisir cette chance avec confiance et audace. "

Déjà en 1937, Walter Lippmann, célèbre économiste Américain, visionnaire, écrivait dans La Cité libre : « Le genre de révolution qui rendrait périmée l’économie marchande serait une série d’inventions permettant aux hommes, par leur effort individuel et sans avoir besoin de personne, d’obtenir un niveau de vie meilleur que celui auquel ils aspirent maintenant ». 

Cela n'a pas échappé à Jérémy Rifkin, économiste et prospectiviste américain et auteur des livres La Troisième Révolution Industrielle, L'âge de l'accès et La nouvelle société du coût marginal zéro où il évoque une « démocratie technologique » et l'émergence du "Prosommateur" : 

"Sous l’effet d’internet et des imprimantes 3D, chaque citoyen-consommateur pourra devenir producteur de biens, gratuits ou échangeables. La barrière structurant les échanges économiques va s’éroder, sinon disparaître, pour faire naître un individu nouveau, le 'prosommateur', à la fois consommateur et producteur."


Faire soi-même VS Faire Faire

"Je pense qu’on est malheureux quand on subit et qu’on est beaucoup plus heureux quand on fait." Jacques-François Marchandise 

Michel Lallement, auteur de l'ouvrage « L’âge du faire » parle d'un "horizon d’émancipation". Il a notamment étudié les Hackerspaces et Fablabs aux Etats-Unis où "il est frappant de constater à quel point la croyance dans la vertu émancipatrice de la technologie est partagée."

Jacques-François Marchandise, cofondateur et directeur de la recherche et de la prospective de la Fing nous explique que "ce qui va être le point clé ce n’est pas 'robot ou pas robot', c’est 'monde ouvert/monde fermé', c’est-à-dire la possibilité, la « bricolabilité », la possibilité d’agir sur les environnements dans lesquels on est et puis l’intention ou non d’avoir des environnements qui soient « capacitants », qui parient sur les capacités humaines plutôt que sur le remplacement des humains".

Ce sont les valeurs portées par le Mouvement des Makers, décrit par Chris Anderson dans son livre "Makers, La Nouvelle Révolution Industrielle". 


Le 'Maker Movement' explique qu'« Être un maker, c’est un état d’esprit. Les makers partent de l’idée que n’importe qui peut innover et changer le monde. Pour un maker, il n’est pas nécessaire d’être un expert ou un professionnel pour faire évoluer les choses. Chacun peut apporter des idées neuves, bricoler, expérimenter, et faire que les choses qui l’entourent répondent mieux à ses attentes.»

Ainsi, chacun peut être créateur au sens où nous sommes chacun animés par des passions qui nous poussent à agir et repousser les limites de notre créativité. Ce n'est "pas simplement un dialogue singulier entre une personne et une technologie ou des matériaux, mais c’est le fait que ce mouvement qu’on appelle par ailleurs le mouvement « faire », porte (...) un pari : celui que chaque personne, quel que soit son statut, son niveau, son parcours, a des choses à apprendre aux autres." Michel Lallement. Les Makers militent donc pour l'émancipation de l'individu et son inclusion dans la société

Lors du World Forum Lille 2015, nous avions pu approfondir la révolution des Makers et du DIY : du 'faire par soi-même' dans cet article

Pour ma part, j'ai connu "mon acte d'empowerment" en imprimant en 3D cette Vénus de Milo dans mon garage à Lille : en ayant accès à une connexion Internet et à une imprimante 3D à moins de 2000€, j'ai pu fabriquer par moi-même une oeuvre d'art alors que je ne suis pas quelqu'un de manuel, ni de technique grâce au téléchargement gratuit d'un plan 3D mise en ligne en open-source par un artiste américain. 


La révolution est à la fois dans la démocratisation de ces outils technologiques par le prix mais également dans l'accessibilité d'usage. L'outil numérique et le partage sur Internet démultiplient le pouvoir de création de l'individu et ouvre un vaste champs de possiblesl'imagination est la seule limite

Avec l'émergence des 'fablabs', laboratoires-ateliers de fabrication numérique, chacun peut désormais se réapproprier les moyens de production au niveau local pour créer avec d'autres ce dont il a vraiment besoin. Ce modèle facilite une "démocratie technologique" et la "fabrication coopérative" où des gens ordinaires peuvent transformer leurs idées en produits bien réels en retissant du lien social : « Moins de biens, plus de liens ! » 

C'est ce qu'on peut appeler le "Power of Making" pour "répondre aux besoins essentiels de l'être humain", "exprimer ses idées et façonner le monde" :

Antonin Léonard, co-fondateur de Ouishare nous explique que "la société civile reprend l’initiative. Nous ne sommes plus les consommateurs passifs du passé, mais les membres de communautés multiples et interconnectées. Et la révolution ne se limitera pas à la consommation. Dans un futur proche, parions qu’il sera tout à fait commun de se rendre dans le fablab du quartier pour concevoir, créer et personnaliser les objets dont on se sert au quotidien. Et nous réapprendrons alors cette vérité oubliée : le 'faire'» est émancipateur.

"'The craftsman is proud of what he has made, and cherishes it, while the consumer discards things that are perfectly serviceable in his restless pursuit of the new."- Richard Sennett, The Culture of the new Capitalism
C'est toute la distinction à faire entre le "faire soi-même" au fablab et le "faire faire" à d'autres en sous-traitant à une entreprise par exemple. "Faire faire" coûte bien évidemment bien plus cher que le "faire par soi-même" mais permet aussi de gagner du temps. Cependant, le "faire soi-même" permet de libérer sa créativité et de fabriquer des objets plus personnalisés, plus durables et plus adaptés aux usages pour lesquels ils sont conçus. Et le faire soi-même gagne du terrain dans notre société tel une lame de fond ! 

Dans son manifeste, MakerBox écrit que "s’initier à faire de ses mains, à réparer, à modifier, à adapter, à créer des objets constitue un chemin vers l’émancipation tant individuelle que collective.

"En quelques sorte, s’initier à la technique, c’est se reconnecter au monde qui nous entoure, le monde réel, pour en devenir un acteur à part entière. (...) Un réel où la consommation n’est pas une tare mais un acte conscient, transparent et responsable. Un réel où la technologie doit rester au service de l’homme et non l’inverse. Un réel qui puisse être fabriqué, au propre comme au figuré, par l’action de tous. Un réel imparfait, où l’écharde dans le doigt et le « raté » participent de la magie de la vie."

Empowerment & Trés Humanisme

Ce "réel imparfait", c'est celui que nous pouvons vivre au quotidien et que nous préférons quelques fois éviter au profit de notre confort et de notre sécurité. L'empowerment serait aussi le signe de la "liberté inconditionnelle des forces de vie", "la volonté de créer" et "la vitalité" d'un individu.  

Frédéric Lenoir dans La Puissance de la Joie nous met en garde : "Nous voudrions vivre plus et souhaiterions être immortels, alors qu'il nous faudrait apprendre à vivre mieux et à toucher à l'éternité dans chaque instant pleinement vécu. Or nous préférons la sécurité à la vraie liberté, le bien-être à la joie."

Cette immortalité est à rapprocher des courants transhumanistes qui pensent que l'immortalité est technologiquement possible et désirable.

Et comme nous le rappelle, le philosophe Martin Steffens dans son livre "La vie en bleu" - "pourquoi la vie est belle même dans l'épreuve ?" : "Nous rêvions d'une vie en rose, et nous voilà couverts de bleus. Mais ce bleu n'est-il pas la vraie couleur de la vie ?" Il y dénonce une "civilisations placée sur le signe de l'amortisseur (confort, sécurité, distractions, usage permanent des analgésiques, des anxiolytiques, euthanasie, etc.)" "Il n'y a qu'un danger : s'épargner la souffrance de vivre, la souffrance propre à toute vie."

En effet, sans tomber dans les extrêmes, "Est un bien pour l'homme tout ce qui creuse l'homme, même au risque de le briser : l'effort, le danger, la responsabilité, le sacrifice, l'amour, la douleur, et jusqu'au plaisir et jusqu'au péché... à condition qu'ils soient vécus à fond, assumés sans réserve comme une nourriture ou comme un poison, et non dosés et dégustés comme des épices... Corrélativement, est un mal pour l'homme tout ce qui contribue à l'aplatir : l'excès de sécurité, la facilité, la distraction, l'automatisme..." Gustave Thibon

Notre liberté et notre vitalité donc notre empowerment s'exprime ainsi par notre désir (notre envie) et notre effort : « L’effort est pénible, mais il est aussi précieux, plus précieux encore que l'oeuvre où il aboutit, parce que, grâce à lui, on a tiré de soi plus qu'il n'y avait, on s'est haussé au-dessus de soi-même. »  Bergson

Pour conclure et compléter la définition de l'empowerment, on pourra distinguer le Pouvoir de la Puissance comme l'explique très clairement Alain Damasio, auteur de science-fiction lors d'une conférence TEDxParis : "Très humain plutôt que transhumain"


Suivre la voie du 'Très Humanisme' pour "retrouver sa puissance, sa puissance d'habiter le monde avec son coeur et son corps, 'de persévérer dans son être' (Spinoza)."

« Si bien que si l'on définit conceptuellement le pouvoir comme la capacité, de faire faire, de déléguer l'action, alors que la puissance serait la capacité de faire, de déployer l'action, par soi-même, directement, alors il me semble qu'on dispose là d'un critère précieux pour essayer de conduire nos vies dans cette bulle, bruissante d'outils, qui nous enveloppe, dans ce que j'appelle moi un oignon technologique, qu'on ne sait plus très bien, parfois, aujourd'hui, comment éplucher et même cuisiner à notre sauce sans risquer de pleurer. » 

En relisant ces dernières lignes, l'empowerment devrait donc se traduire comme "la puissance d'agir" plutôt que "le pouvoir d'agir" des individus.

Alain Damasio nous invite au Très-Humanisme, à "trouver un nouvel art de vivre dans notre rapport à la technologie." "Cela consisterait à demander, à chaque technologie qu'on me propose, qu'est-ce qu'elle vient ouvrir ou fermer dans mon rapport aux autres et au monde ? Est-ce qu'elle m'impuissante, ou est-ce qu'elle m'empuissante ? Est-ce qu'elle m'aide à mieux me lier à la nature, aux gens, à la société, à moi-même aussi (...) ou est-ce qu'elle me coupe, me sépare, de ce que je peux ?"

Ainsi, le terme d'empuissance pourrait être une proposition de traduction à l'empowerment.

Sa conclusion résume ce qui pourrait permettre à chacun de se réaliser par l'empowerment : 

"Agir, c'est sentir, qu'indépendamment de vos outils, vous êtes, fondamentalement, une puissance."