A l'occasion de la formation « Animer des réunions impliquantes en intelligence collective » que j'ai co-animée avec Lise d'Imagine une Histoire pour le compte du Diocèse de Lille, j'ai exploré les parallèles et les ponts possibles entre les deux concept d'intelligence collective et de synodalité qui se développent depuis quelques années et dont voici le support de présentation.
Pour rappel, la synodalité est un mot récent (un néologisme) qui désigne la réalité, la qualité, d’une église dans laquelle tous les membres « marchent ensemble » ( syn-odos) et suivent ensemble le Christ, le véritable « chemin ». Dans le catholicisme, un synode correspond à une assemblée délibérative d’ecclésiastiques.
Quant à l'intelligence collective, c'est un concept qui désigne la capacité d'un groupe d'individus à coopérer ensemble pour résoudre des problèmes plus efficacement que s'ils travaillaient isolément. En effet, "aucun de nous ne sait ce que nous savons tous ensemble." Euripide
Bien que la synodalité soit spécifiquement associée à la gouvernance ecclésiastique, et l'intelligence collective à des processus de groupe plus généraux, elles partagent des principes fondamentaux communs. Dans les deux cas, ces approches visent à tirer parti de la sagesse collective pour prendre des décisions éclairées et répondre aux défis actuels.
Dans cet article de blog de 2015, j'avais déjà osé le parallèle entre 2 événements majeurs qui se déroulaient en région Nord Pas-de-Calais : d'une part, la Troisième Révolution Industrielle (devenue rev3) pour "faire de la région, un territoire pionnier de l’économie de demain basée sur les énergies renouvelables et les technologies de l’internet", et d'autre part, le synode provincial des Eglises de Lille-Arras-Cambrai (LAC) pour "Inventer les paroisses de demain". Dans les 2 cas, il s'agissait pour les participants de se mettre à l'écoute des signes et des grands enjeux de notre temps afin de discerner ensemble et co-élaborer en intelligence collective des décisions impliquant le futur des institutions et parties prenantes présentes.
Voici donc une liste des principes communs partagés entre intelligence collective et synodalité :
- Participation et collaboration : La synodalité est un modèle de gouvernance ecclésiastique qui met l'accent sur la participation active des membres de l'Église à la réflexion commune. Elle encourage la collaboration et la délibération entre les différentes parties prenantes de l'Église. L'intelligence collective repose également sur la participation active et la collaboration de diverses personnes pour résoudre des problèmes, prendre des décisions ou générer des idées. Elle favorise la synergie des compétences et des perspectives individuelles.
- Écoute et dialogue : Dans un processus synodal, l'écoute mutuelle et le dialogue sont essentiels. Les membres de l'Église sont encouragés à s'écouter les uns les autres, à partager leurs expériences et à discuter ouvertement des questions en jeu. L'intelligence collective repose sur la communication ouverte et l'écoute empathique. Les participants sont encouragés à écouter activement les autres et à exprimer leurs points de vue de manière respectueuse, ce qui favorise la compréhension mutuelle.
- Diversité des perspectives : La synodalité reconnaît la diversité des opinions au sein de l'Église et cherche à les intégrer dans le processus décisionnel. Elle valorise les différentes perspectives et expériences des membres. L'intelligence collective tire sa force de la diversité des compétences, des connaissances et des points de vue des participants. Elle vise à exploiter cette diversité pour obtenir des solutions plus riches et plus créatives.
- Prise de décision collaborative : La synodalité implique généralement une prise de décision collective, où les membres de l'Église participent à la formulation des décisions et des orientations de l'Église. L'intelligence collective favorise la prise de décision collective en utilisant des méthodes telles que le consensus ou la délibération pour parvenir à des décisions qui sont le résultat de la contribution de tous les participants.
- Adaptabilité et évolution : La synodalité permet à l'Église de s'adapter aux défis et aux évolutions de la société en encourageant un processus continu de discernement et de réflexion. L'intelligence collective favorise également l'adaptabilité en permettant aux groupes de s'ajuster rapidement aux changements et de générer des solutions innovantes en réponse à des problèmes émergents.
Même s'il convient qu'un changement de paradigme sur les manières de coopérer dans nos institutions est nécessaire pour être plus ajusté à l'évolution du monde et de la société, il ne s'agit pas non plus de passer d'un extrême à l'autre, d'un dogme de la subordination à celui de la collaboration mais d'oser la complexité et d'explorer de nouvelles manières de faire. "Comme toute institution et communauté, l'Eglise catholique a besoin de travailler à toujours plus et mieux à faire place à l’initiative et à la responsabilité de chacun en intelligence collective."