vendredi 28 octobre 2022

2040, Et si on slashait ?!

La première édition de la Biennale ECOPOSS, "Osons l'éloge du futur !" a eu lieu du 26 au 30 octobre 2022. Organisée par l'Université catholique de Lille, il s'agit d'une "grande dynamique citoyenne, scientifique, artistique, pédagogique" qui est amenée à "faire naître un rapport différent à l'autre, à la nature, à l'humanité, à la technique". 

Dans ce contexte, j'ai été invité par Techshop Lille à co-animer un atelier intitulé 'X Ray Management’ avec HÉMiSF4iRE - Design School autour des compétences cachées et des mad skills, de la pédagogie expérientielle et du maquettage et dont je vous partage la copieuse restitution. 

L'atelier a démarré sur une introduction sur la notion de "Mad Skills" définie comme des compétences : 

  • originales, singulières et hors du commun 
  • développées via des activités extraprofessionnelles (non conformistes, non conventionnelles dans le contexte professionnel de la personne)
  • et transposables en entreprise 
Ces compétences dites "folles" peuvent être rapprochées de la notion de talent mais également de génie, qui, historiquement, est liée à celle de folie. Elles font également échos à la tendance à l'hybridation des compétences et des expériences de vie extraprofessionnelle débouchant ainsi sur de nouveaux métiers en entreprise comme par exemple ceux de consultant-dessinateur, de maker éducateur ou de technopédagogue, de creative technologist ou de celui de patient expert.  

Plus globalement, dans un contexte d’archipellisation de la société, du développement du travail à la demande et du travail à distance, de la quête de sens des individus et d’épanouissement au travers d'activités rémunérées et choisies, se développe la figure du slasher, un travailleur cumulant plusieurs activités professionnelles en même temps (un pluri-actif). 

Voici le support de cette présentation.


L'atelier s'est ensuite poursuivi par un atelier de maquettage en équipe d'une idée sous contrainte (et avec élégance) pour faire prendre conscience de ses compétences cachées qui pourraient être utiles à son organisation. En effet, il est bon de connaître ses talents et d'en faire profiter le collectif car comme le dit Jean Duforest : "J'ai trop souvent vu dans mon entreprise des chèvres qui voulaient faire du miel et des abeilles qui voulaient faire du lait !"

Puis l'atelier a continué par la lecture d'une prospective fiction, écrite spécialement pour l'occasion et retraçant la journée de Christophe, véritable slasher en 2040 à la fois maker / aidant / réparateur de cycles / sculpteur virtuel dans le métaverse / permaculteur et qui développe différentes compétences et talents en fonction de ses diverses activités.


Cette histoire cherche à questionner notre rapport au monde physique / virtuel, à valoriser l’état d’esprit du faire et la culture des makers dans le futur, à montrer l’importance des mad skills et des valeurs de l’artisanat dans l’évolution du monde du travail, et à poser cette question : 'Et si les slashing devenait la norme de l’organisation du travail demain ?'

Cette fiction s'inspire librement de différentes sources comme celle de la dernière édition de la Maker Faire Lille 2022, de différents ouvrages comme celui de Bernard Stiegler, L'emploi est mort, vive le travail ! ou de celui de Laëtitia Vitaud, Du labeur à l'ouvrage : Pourquoi l'artisanat est le futur du travail, du film documentaire Why do we even work? (2022) et de la vision de la Maker City. La conclusion reprend le résumé du livre de Philippe Gabilliet, L'Eloge de l'audace et de la vie romanesque. Et si l’éloge du futur débouchait sur l’éloge de l’audace ?! Car il suffit d’oser…  

Je tiens à remercier particulièrement Noémie Aubron de l'agence d'innovation 15marches qui m'a partagé ses bonnes pratiques et recettes pour écrire un récit de prospective fiction. La méthode est notamment résumée dans cet article. Je vous invite à découvrir la newsletter Futur(s) par 15marches, dans laquelle Noémie raconte le futur en fictions, avec un regard à l'intersection entre évolution de nos comportements et du numérique. <3

Après cela, l'atelier s'est prolongé par un dialogue uchronique en 2040 avec Christophe W. qui nous a partagé ses souvenirs du futur et nous a raconté son parcours, sa vie, son oeuvre de slasher... 

Christophe W., voyageur du futur et sculpteur virtuel dans le métaverse...

Enfin, l'atelier s'est conclu par la rédaction et le partage d'une carte postale du futur, prétexte à partager nos meilleurs souvenirs et rêves du futur. 


Ces formats inédits de prospective fiction, testés à ECOPOSS, vont, à mon sens, se développer dans les prochaines années, tant le besoin d'inventer de nouveaux récits collectifs et désirables devient urgent et vital dans notre époque de nouvelle Renaissance !  

Oser l'éloge du futur, c'est selon moi, faire le pari de la confiance en l'avenir et surtout, cultiver la gourmandise du futur ! Bon appétit :-P
   

lundi 3 janvier 2022

Belle année 2022 reliée !


Je vous souhaite une belle année 2022 reliée !

Une année qui relie parce que ce qui nous lie nous grandit.


et car… tout est re-lié dans notre monde complexe aux multiples crises systémiques (sanitaires, sociales, économiques, écologiques…). 


Or, comme l'explique Edgard Morin, « la pensée complexe est la pensée qui relie. Il faut, pour tous et pour chacun, pour la survie de l’humanité, reconnaître la nécessité de relier, de se relier aux nôtres, de se relier aux autres»


De plus, la complexité (du latin ‘complexus’, tisser des liens) peut nous rendre libre : les liens ne sont pas facteurs d’aliénation, bien au contraire, ils nous libèrent ! 


L'éducation elle-même est d'abord une relation… et elle nous apprend la relation : nous naissons immatures, puis nous nous inventons dans notre relation aux autres. Michel Serres dans le Tiers-Instruit écrivait que « Tout apprentissage consiste en un métissage» L’éducation est indissociable du métissage des cultures.


Tout part en effet du lien. Au commencement est la relation, ‘le lien qui nous rattache aux autres’ comme le raconte si bien Jean-Claude Ameisen dans l'émission Sur les épaules de Darwin. « Nous ne savons pas à quel point est profondément ancré en nous le lien qui nous rattache aux autres ou, en d’autres termes, à quel point serait étrange l’idée d’un ‘Je’ qui existerait en l’absence d’un ‘Nous’ » car « le monde subjectif est aussi un monde intersubjectif, le monde de ‘Je’ et de ‘Tu’, et tracer une frontière entre les deux n’est pas facile, parce que les autres font partie de nous. » écrit Siri Hustvedt dans La femme qui tremble.


C'est pour cela qu'en 2022, je vous souhaite de continuer à créer des ponts et à tisser des liens : avec les personnes et les vivants que vous rencontrerez, entre les disciplines que vous étudierez, entre les univers que vous explorerez.


En tant qu'entrepreneur dans l'éducation, je continuerai de bâtir des relations de confiance entre les acteurs de l’entreprise, du territoire et de l’éducation car une grande partie des réponses aux défis de notre Temps viendra de l’ouverture et de la collaboration en intelligence collective.   


En 2022, faisons de nos espaces, des lieux de relation et continuons de renforcer nos liens ! 


Belle année reliée… à vous-même, aux autres et au monde !


« Qui se soucie de cet entrelacement de causes invisibles, d’effets inconnus qui tissent la trame de nos jours ? » Paul Guimard


Concours du tissage du plus grand karma (foulard en coton à damier traditionnel du Cambodge)
Photo Samrang Pring à Phnom Penh