dimanche 28 janvier 2024

En 2024, faisons le pari de la confiance !


En ces temps mouvementés, il est grand temps de réaliser ensemble le « pari de la confiance » : pari de la confiance en soi, en les autres, en l’action, dans la jeunesse et surtout pari de la confiance en l’A-venir ! 


De l’importance d’y croire 


En effet, de Saint Marc à Pascal Obispo, en passant par Steve Jobs, « l'important, c'est d'y croire. » 


« Tout est possible à celui qui croit » (Marc 9:23)


« Ce qu’il faut, c’est croire en quelque chose : vos tripes, votre destin, votre vie, votre karma, peu importe. » Steve Jobs


Tous y croient. Tous croient qu’ils ont en eux cette étincelle qui enflamme le temps. Cela s’appelle la liberté. La force d’y croire brise des impossibles et met du sens dans les souffrances. Car la vie est parfois un torrent rude et une cascade de cruautés…


Mais croire, c’est aussi choisir de croire c’est-à-dire poser un acte de foi. La foi est une affaire de confiance (étymologie latine « cum-fides », littéralement « avec foi »). C’est adhérer à une proposition, non posséder la vérité.


« La confiance est un mot presque provocateur en ces temps de crise, de catastrophes écologiques, économiques, sociales, alimentaires et même... aériennes. Nous nous sentons le plus souvent impuissants, objets de forces que nous ne contrôlons pas dans un monde en pleine mutation. Les politiques semblent éloignés de nos préoccupations quotidiennes, les économistes sont dubitatifs, les financiers tentent de panser leurs plaies. Nous subissons... Et pourtant. On nous demande d’avoir confiance, en nous-même, en l’autre, en Dieu, en la vie. Dans ce contexte, garder espoir, avoir confiance en l’avenir de l’humanité et de la terre procède d’un tempérament, certainement, mais avant tout d’un choix. Le choix de faire son possible pour améliorer les choses sans désespérer, ni des autres, ni de Dieu. Garder confiance, c’est ne pas baisser les bras et continuer à marcher sur un chemin de justice en se disant ‘le reste nous sera donné par surcroît.’ » Marie-Caroline Durier



« La clef indispensable pour pouvoir avancer, grandir en humanité, grandir en sagesse, en épanouissement, en succès ; une clef qui nous permet à chaque fois de transformer les rêves en réalité et qui permet d’aller au bout de son possible : la Confiance. La confiance en soi pour pouvoir raisonner avec les autres, car en ces temps de situations anxiogènes, le manque de confiance rend le rêve impuissant, l’action incertaine, la motivation désincarnée. Or, qui vit en confiance, habite son coeur et celui qui habite son coeur est l’hôte de l’univers tout entier. Partout où il se trouve, il se sent bien. » Malek A. Boukerchi

Même quand tout semble perdu, il reste l’espérance ‘qui ne déçoit pas’. 


"Comment cela s'appelle-t-il, quand le jour se lève, comme aujourd'hui, et que tout est gâché, que tout est saccagé, et que l'air pourtant se respire, et qu'on a tout perdu, que la ville brûle, que les innocents s'entre-tuent, mais que les coupables agonisent, dans un coin du jour qui se lève ? (…) Cela s'appelle l'aurore." Jean Giraudoux – Électre


En 2024, « essayons d’être des redresseurs d’espérance » et croyons en nos capacités ! 



Le pari de la confiance en l'Autre


D’après Martin Steffens, « La confiance qu'on fait [à quelqu’un d’autre] a le courage de ne pas savoir : je ne sais pas à l'avance si le pari que je fais sur l'autre, et ce qu'il accepte en s'engageant, sera tenu. Il faudra peut-être recommencer : se fâcher, se remettre en question, puis pardonner, puis rebâtir. Car faire confiance n'est pas tendre à l'autre un piège : ce n'est pas lui demander plus qu'il ne peut afin de lui reprocher ensuite ses manquements. Faire confiance est un serment de fidélité : la confiance est patience, elle se tient aux côtés de l'autre, même et surtout quand il chute. Elle ne s'indigne pas, ne s'effarouche pas : elle soutient l'effort et sait la pesanteur. L'homme qui tombe pour la dixième fois ne saurait décevoir une confiance vraiment donnée car cet homme ne s'est-il pas relevée neuf fois ? »


Ce pari de confiance en l’autre, c’est donc supposer « la bonne volonté de jouer la carte de la grandeur de l’Homme plutôt que de rechercher d’incessantes garanties contre sa perversité. » Romain Gary


C’est aussi une question de regard bienveillant portée sur l’autre et accorder sa confiance à priori : ce qu’on appelle autrement la présomption de confiance qui permet de révéler l’autre en partant du principe que l’Homme est bon.


« Ce qu'il y a de plus beau à vivre, c'est de se sentir mis en confiance par quelqu'un, parce que la confiance révèle ce qu'il y a de mieux en chacun... La confiance est une expérience de libération. » Elena Lasida


La personne humaine apparaît quand elle entre en relation avec d’autres personnes, dit Martin Buber. Le monde subjectif, dit Siri Hustvedt, est aussi un monde inter-subjectif, le monde de moi et de toi, et tracer une frontière entre les deux n’est pas facile, parce que les autres font partie de nous.


Croire en le potentiel des autres et les regarder comme « des gens qui portent un trésor dans des poteries sans valeur. » (Corinthiens 4, 7-15) 


« Traiter les gens comme s’ils étaient ce qu’ils pourraient être et vous les aiderez à devenir ce qu’ils sont capables d’être. » Goethe

Le pari de la confiance en l'action


"Agir, c'est parier sur ce qu'on ne connaît pas." Maurice Blondel


S’appuyant sur Albert Camus, nous osons dire : « Même dans un monde absurde, on peut agir. Le seul sens d'un monde absurde finalement c'est l'action. » 


Si vous vivez dans un monde turbulent, qui change tout le temps, dans un monde où l'on perd ses repères, où il y a de l'accélération ; vous n’avez plus le temps de peser votre choix. Il reste cependant le choix de l'action : faire parfois un choix, prendre une décision, n'importe laquelle, puis à partir de ce moment là, tout faire pour que cette décision soit la bonne. En d’autres termes et en période de turbulence, la pertinence d'un choix de vie ne se construit plus avant de faire le choix mais la justesse d'un choix de vie se construit après qu'on ait fait ce choix.


C’est le sens du pari de l’action partagé par Philippe Gabilliet : « Pour certains, une bonne décision est avant tout une décision qui a été soigneusement préparée. Ce qui fait la qualité d’une telle décision est donc déterminée par ce que l’on fait AVANT de la prendre (…). Pour l’optimiste, la question se pose en fait en des termes tout à fait différents. Il veut lui aussi prendre la meilleure décision possible. Il est conscient (tout comme le pessimiste) qu’il existe sûrement de bonnes raisons de ne pas se lancer. Mais il va pourtant décider de le faire. Pourquoi ? Parce que pour l’optimiste, la qualité d’une décision ne se construit jamais a priori. En effet, dans la ‘vrai vie’, nous n’avons presque jamais le temps nécessaire pour laisser mûrir une décision. Des informations essentielles nous manqueront toujours ; et nous vivons dans un monde mouvant qui continue de bouger pendant que nous pensons à notre décision. Ainsi, pour l’optimiste, la ‘bonne décision’ sera la décision qu’il va prendre (quelle qu’elle soit et qu’il fera tout, ensuite, pour rendre vraiment ‘bonne’). Car pour un optimiste, ce qui détermine la qualité d’une décision qu’il prend, c’est toujours ce qu’il va faire APRES l’avoir prise ! »


Et le facteur déclenchant, pour les personnalités chanceuses, est presque toujours le passage à l'action : « Il peut arriver des choses à ceux qui attendent, mais uniquement celles laissées par ceux qui ont foncé », écrivait Abraham Lincoln. Car le chanceux récurrent est audacieux. Il fait confiance aux événements et fait le pari de l'action. Il n'hésite pas à demander, même s'il n'est pas sûr d'être entendu ; il essaye, même s'il n'est pas totalement prêt ; il fait confiance, quitte parfois à être trompé…


L’écrivain et savant allemand Johann Wolfgang von Goethe décrivait déjà au début du XIXe siècle tout ce qui se met en place à partir du moment où l’on s’engage : « En ce qui concerne tous les actes d’initiative, il y a une vérité élémentaire dont l’ignorance a déjà détruit d’innombrables idées et de superbes projets : au moment où l’on s’engage pleinement, la providence s’engage aussi. Toutes sortes de choses concourent à l’aider qui autrement ne se seraient jamais produites; tout un flot d’événements jaillit de la décision, suscitant en sa faveur toutes sortes d’incidents, de rencontres et d’aides matérielles imprévues, dont personne n’aurait pu penser ou rêver qu’elles lui arrivent. Quoi que vous fassiez ou rêvez de faire, faites-le. L’audace a du génie, du pouvoir et de la magie. Commencez dès maintenant ! »


Face à l'éco-anxiété, cette angoisse reliée à la crise écologique qui monte, le meilleur remède est peut-être l’action car « l’action est l'antidote du désespoir. » Joan Baez et « un esprit occupé n’est pas préoccupé »…


Pour les Optimistes de France, c’est bien un regard enthousiaste sur le monde qui engendre l’action ; et c’est l’action sur le monde qui nourrit en retour le regard optimiste sur ce dernier. L’optimisme s’affirme donc d’emblée comme ce cercle vertueux dans lequel on s’appuie sur ses forces pour reprendre le contrôle des événements, et ce afin de créer les ouvertures qui permettront de dégager les solutions, qui elles-mêmes contribueront à développer d’autres forces, etc.


« Etre optimiste, c'est faire un pari intellectuel et philosophique sur l'optimisation possible de la réalité : la vie est pleine de désagréments, les actualités apportent chaque jour leur lot de mauvaises nouvelles, mais l'optimiste sait qu'on peut arriver à faire mieux avec l'existant. » 



Le pari de la confiance en l’Avenir


Voici un extrait d'un édito de la revue Usbek & Rica : ‘Croire au futur, c’est penser qu’il y a encore des pages de l’histoire humaine à écrire, qu’on peut s’en sortir, au lieu de renoncer et de se retirer sur son Aventin, dans sa Zad, son île libertarienne ou dans l’espace, comme si c’était déjà foutu ici-bas. Et surtout, nous croyons à un avenir en commun. (…) Croire au futur, c’est donc, tout bêtement, préférer l’altruisme à l’égoïsme. Aucun bâtisseur d’abri antiatomique n’a arrêté la guerre froide. Ceux qui s’y sont collés, ce sont les démocrates et les dissidents. Pareil aujourd’hui : alors que le monde semble courir vers l’abîme, grande est la tentation de faire l’autruche et de dire à la manière d’un Louis XV : « Après moi, le déluge. » A la place de cette démission eschatologique, nous avons envie d’ouvrir des perspectives enthousiasmantes aux générations futurs. Certes, encore des grands mots. Mais même un signataire épisodique de pétitions est plus utile qu’un survivaliste qui abdique.’


« Croire en l’avenir, c’est croire que ‘ce qui arrive’ est une promesse. (…) Cela suppose de croire en l’autre, en la vie, en demain, un tant soit peu en soi aussi. De garder, au coeur le nécessaire a priori d’espérance et de bienveillance sur ce qui vient, sur ce qui est nouveau, et même inattendu. Même si cela déroute. » Raphaël Buyse 


Et s'il est facile de se convaincre que l'action d'un homme seul ne sert à rien, l'inaction a toujours un coût. Quand tout sera détruit dans les incendies ou les inondations, quand tous ceux qui en ont les moyens seront partis, que sera-t-il possible de faire ? Ce n'est jamais que l'aujourd'hui qui est l'instant propice pour agir ! 


Faire le pari de la confiance, c’est donc faire le pari, 

- qu'il est préférable d'avoir la foi, que de ne pas l'avoir ;

- qu'il est préférable d'être optimiste que pessimiste (parce qu'à la fin du voyage, l’optimiste aura passé un meilleur moment)

- qu'il vaut mieux croire en l’autre qu'essayer de le contrôler ;

- qu’il vaut mieux agir dans un monde absurde et turbulent en perpétuel changement et accélération que de ne rien faire et de se laisser submerger...


Et même si nous avons des désillusions, des doutes ou des déceptions et que l'on se soit finalement trompé, cela ne veut pas dire que nous avons eu tort d'y croire, d'avoir fait ce pari de la confiance sur l'avenir : on est plus gagnant à avoir la foi, à être optimiste et à faire confiance ! 


« C’est une folie de haïr toutes les roses parce qu’une épine vous a piqué, d’abandonner tous les rêves parce que l’un d’entre eux ne s’est pas réalisé, de renoncer à toutes les tentatives parce qu’on a échoué. C‘est une folie de condamner toutes les amitiés parce qu’une d’elles vous a trahi, de ne croire plus en l’amour juste parce qu’un d’entre eux a été infidèle… » Le Petit Prince



« C’est un pari, bien sûr. On n’est sûr de rien, c’est vrai. C’est une affaire de confiance, assurément ! Cette affaire-là n’est pas une lubie, ou un caprice, mais un appel à oser quelque chose de neuf. J’y vois comme un appel ! » 


En 2024, faisons donc le pari de la confiance et cultivons la gourmandise du futur ! 


Que 2024 nous donne l’élan de tracer des chemins d’espérance ! Belle année pleine de douceur et de transformations fécondes.


dimanche 24 septembre 2023

Intelligence collective et synodalité : quels principes partagés ?

A l'occasion de la formation « Animer des réunions impliquantes en intelligence collective » que j'ai co-animée avec Lise d'Imagine une Histoire pour le compte du Diocèse de Lille, j'ai exploré les parallèles et les ponts possibles entre les deux concept d'intelligence collective et de synodalité qui se développent depuis quelques années et dont voici le support de présentation.

Pour rappel, la synodalité est un mot récent (un néologisme) qui désigne la réalité, la qualité, d’une église dans laquelle tous les membres « marchent ensemble » ( syn-odos) et suivent ensemble le Christ, le véritable « chemin ». Dans le catholicisme, un synode correspond à une assemblée délibérative d’ecclésiastiques.

Quant à l'intelligence collective, c'est un concept qui désigne la capacité d'un groupe d'individus à coopérer ensemble pour résoudre des problèmes plus efficacement que s'ils travaillaient isolément. En effet, "aucun de nous ne sait ce que nous savons tous ensemble." Euripide


Bien que la synodalité soit spécifiquement associée à la gouvernance ecclésiastique, et l'intelligence collective à des processus de groupe plus généraux, elles partagent des principes fondamentaux communs. Dans les deux cas, ces approches visent à tirer parti de la sagesse collective pour prendre des décisions éclairées et répondre aux défis actuels.

Dans cet article de blog de 2015, j'avais déjà osé le parallèle entre 2 événements majeurs qui se déroulaient en région Nord Pas-de-Calais : d'une part, la Troisième Révolution Industrielle (devenue rev3) pour "faire de la région, un territoire pionnier de l’économie de demain basée sur les énergies renouvelables et les technologies de l’internet", et d'autre part, le synode provincial des Eglises de Lille-Arras-Cambrai (LAC) pour "Inventer les paroisses de demain". Dans les 2 cas, il s'agissait pour les participants de se mettre à l'écoute des signes et des grands enjeux de notre temps afin de discerner ensemble et co-élaborer en intelligence collective des décisions impliquant le futur des institutions et parties prenantes présentes. 


Voici donc une liste des principes communs partagés entre intelligence collective et synodalité : 

- Participation et collaboration : La synodalité est un modèle de gouvernance ecclésiastique qui met l'accent sur la participation active des membres de l'Église à la réflexion commune. Elle encourage la collaboration et la délibération entre les différentes parties prenantes de l'Église. L'intelligence collective repose également sur la participation active et la collaboration de diverses personnes pour résoudre des problèmes, prendre des décisions ou générer des idées. Elle favorise la synergie des compétences et des perspectives individuelles.


- Écoute et dialogue : Dans un processus synodal, l'écoute mutuelle et le dialogue sont essentiels. Les membres de l'Église sont encouragés à s'écouter les uns les autres, à partager leurs expériences et à discuter ouvertement des questions en jeu. L'intelligence collective repose sur la communication ouverte et l'écoute empathique. Les participants sont encouragés à écouter activement les autres et à exprimer leurs points de vue de manière respectueuse, ce qui favorise la compréhension mutuelle.


- Diversité des perspectives : La synodalité reconnaît la diversité des opinions au sein de l'Église et cherche à les intégrer dans le processus décisionnel. Elle valorise les différentes perspectives et expériences des membres. L'intelligence collective tire sa force de la diversité des compétences, des connaissances et des points de vue des participants. Elle vise à exploiter cette diversité pour obtenir des solutions plus riches et plus créatives.


- Prise de décision collaborative : La synodalité implique généralement une prise de décision collective, où les membres de l'Église participent à la formulation des décisions et des orientations de l'Église. L'intelligence collective favorise la prise de décision collective en utilisant des méthodes telles que le consensus ou la délibération pour parvenir à des décisions qui sont le résultat de la contribution de tous les participants.

- Adaptabilité et évolution : La synodalité permet à l'Église de s'adapter aux défis et aux évolutions de la société en encourageant un processus continu de discernement et de réflexion. L'intelligence collective favorise également l'adaptabilité en permettant aux groupes de s'ajuster rapidement aux changements et de générer des solutions innovantes en réponse à des problèmes émergents.

Même s'il convient qu'un changement de paradigme sur les manières de coopérer dans nos institutions est nécessaire pour être plus ajusté à l'évolution du monde et de la société, il ne s'agit pas non plus de passer d'un extrême à l'autre, d'un dogme de la subordination à celui de la collaboration mais d'oser la complexité et d'explorer de nouvelles manières de faire. "Comme toute institution et communauté, l'Eglise catholique a besoin de travailler à toujours plus et mieux à faire place à l’initiative et à la responsabilité de chacun en intelligence collective."

dimanche 15 janvier 2023

2023, une année placée sous le signe de la reconnaissance !

En 2023, je vous souhaite d'exercer votre pouvoir de reconnaître ! 


Parce que la reconnaissance est cette ‘mémoire du coeur’, parce que c’est ‘apprendre à connaître à nouveau’, parce que c’est ‘mettre au monde l'autre’, parce que la reconnaissance tisse la trame de notre commune humanité, je vous souhaite d’exercer votre pouvoir de reconnaître durant cette année 2023 (et même après) !

Reconnaître ses proches, ses amis mais aussi l’étranger et soi-même. Exprimer de la gratitude. Dire merci à la vie d'être au monde. 

Cette reconnaissance, si on la décompose : ‘re-conaissance’, ‘reco-naissance’ ; une connaissance pour porter un regard neuf sur le monde et aller de naissance en naissance….

« Peut-être que l’on ne peut se reconnaître que dans autrui. Peut-être qu’il faut passer par quelqu’un d’autre que soi pour se connaître et se reconnaître. » Christian Bobin

A child's heart contemplating the dawn - Image generated by Midjourney

vendredi 28 octobre 2022

2040, Et si on slashait ?!

La première édition de la Biennale ECOPOSS, "Osons l'éloge du futur !" a eu lieu du 26 au 30 octobre 2022. Organisée par l'Université catholique de Lille, il s'agit d'une "grande dynamique citoyenne, scientifique, artistique, pédagogique" qui est amenée à "faire naître un rapport différent à l'autre, à la nature, à l'humanité, à la technique". 

Dans ce contexte, j'ai été invité par Techshop Lille à co-animer un atelier intitulé 'X Ray Management’ avec HÉMiSF4iRE - Design School autour des compétences cachées et des mad skills, de la pédagogie expérientielle et du maquettage et dont je vous partage la copieuse restitution. 

L'atelier a démarré sur une introduction sur la notion de "Mad Skills" définie comme des compétences : 

  • originales, singulières et hors du commun 
  • développées via des activités extraprofessionnelles (non conformistes, non conventionnelles dans le contexte professionnel de la personne)
  • et transposables en entreprise 
Ces compétences dites "folles" peuvent être rapprochées de la notion de talent mais également de génie, qui, historiquement, est liée à celle de folie. Elles font également échos à la tendance à l'hybridation des compétences et des expériences de vie extraprofessionnelle débouchant ainsi sur de nouveaux métiers en entreprise comme par exemple ceux de consultant-dessinateur, de maker éducateur ou de technopédagogue, de creative technologist ou de celui de patient expert.  

Plus globalement, dans un contexte d’archipellisation de la société, du développement du travail à la demande et du travail à distance, de la quête de sens des individus et d’épanouissement au travers d'activités rémunérées et choisies, se développe la figure du slasher, un travailleur cumulant plusieurs activités professionnelles en même temps (un pluri-actif). 

Voici le support de cette présentation.


L'atelier s'est ensuite poursuivi par un atelier de maquettage en équipe d'une idée sous contrainte (et avec élégance) pour faire prendre conscience de ses compétences cachées qui pourraient être utiles à son organisation. En effet, il est bon de connaître ses talents et d'en faire profiter le collectif car comme le dit Jean Duforest : "J'ai trop souvent vu dans mon entreprise des chèvres qui voulaient faire du miel et des abeilles qui voulaient faire du lait !"

Puis l'atelier a continué par la lecture d'une prospective fiction, écrite spécialement pour l'occasion et retraçant la journée de Christophe, véritable slasher en 2040 à la fois maker / aidant / réparateur de cycles / sculpteur virtuel dans le métaverse / permaculteur et qui développe différentes compétences et talents en fonction de ses diverses activités.


Cette histoire cherche à questionner notre rapport au monde physique / virtuel, à valoriser l’état d’esprit du faire et la culture des makers dans le futur, à montrer l’importance des mad skills et des valeurs de l’artisanat dans l’évolution du monde du travail, et à poser cette question : 'Et si les slashing devenait la norme de l’organisation du travail demain ?'

Cette fiction s'inspire librement de différentes sources comme celle de la dernière édition de la Maker Faire Lille 2022, de différents ouvrages comme celui de Bernard Stiegler, L'emploi est mort, vive le travail ! ou de celui de Laëtitia Vitaud, Du labeur à l'ouvrage : Pourquoi l'artisanat est le futur du travail, du film documentaire Why do we even work? (2022) et de la vision de la Maker City. La conclusion reprend le résumé du livre de Philippe Gabilliet, L'Eloge de l'audace et de la vie romanesque. Et si l’éloge du futur débouchait sur l’éloge de l’audace ?! Car il suffit d’oser…  

Je tiens à remercier particulièrement Noémie Aubron de l'agence d'innovation 15marches qui m'a partagé ses bonnes pratiques et recettes pour écrire un récit de prospective fiction. La méthode est notamment résumée dans cet article. Je vous invite à découvrir la newsletter Futur(s) par 15marches, dans laquelle Noémie raconte le futur en fictions, avec un regard à l'intersection entre évolution de nos comportements et du numérique. <3

Après cela, l'atelier s'est prolongé par un dialogue uchronique en 2040 avec Christophe W. qui nous a partagé ses souvenirs du futur et nous a raconté son parcours, sa vie, son oeuvre de slasher... 

Christophe W., voyageur du futur et sculpteur virtuel dans le métaverse...

Enfin, l'atelier s'est conclu par la rédaction et le partage d'une carte postale du futur, prétexte à partager nos meilleurs souvenirs et rêves du futur. 


Ces formats inédits de prospective fiction, testés à ECOPOSS, vont, à mon sens, se développer dans les prochaines années, tant le besoin d'inventer de nouveaux récits collectifs et désirables devient urgent et vital dans notre époque de nouvelle Renaissance !  

Oser l'éloge du futur, c'est selon moi, faire le pari de la confiance en l'avenir et surtout, cultiver la gourmandise du futur ! Bon appétit :-P
   

lundi 3 janvier 2022

Belle année 2022 reliée !


Je vous souhaite une belle année 2022 reliée !

Une année qui relie parce que ce qui nous lie nous grandit.


et car… tout est re-lié dans notre monde complexe aux multiples crises systémiques (sanitaires, sociales, économiques, écologiques…). 


Or, comme l'explique Edgard Morin, « la pensée complexe est la pensée qui relie. Il faut, pour tous et pour chacun, pour la survie de l’humanité, reconnaître la nécessité de relier, de se relier aux nôtres, de se relier aux autres»


De plus, la complexité (du latin ‘complexus’, tisser des liens) peut nous rendre libre : les liens ne sont pas facteurs d’aliénation, bien au contraire, ils nous libèrent ! 


L'éducation elle-même est d'abord une relation… et elle nous apprend la relation : nous naissons immatures, puis nous nous inventons dans notre relation aux autres. Michel Serres dans le Tiers-Instruit écrivait que « Tout apprentissage consiste en un métissage» L’éducation est indissociable du métissage des cultures.


Tout part en effet du lien. Au commencement est la relation, ‘le lien qui nous rattache aux autres’ comme le raconte si bien Jean-Claude Ameisen dans l'émission Sur les épaules de Darwin. « Nous ne savons pas à quel point est profondément ancré en nous le lien qui nous rattache aux autres ou, en d’autres termes, à quel point serait étrange l’idée d’un ‘Je’ qui existerait en l’absence d’un ‘Nous’ » car « le monde subjectif est aussi un monde intersubjectif, le monde de ‘Je’ et de ‘Tu’, et tracer une frontière entre les deux n’est pas facile, parce que les autres font partie de nous. » écrit Siri Hustvedt dans La femme qui tremble.


C'est pour cela qu'en 2022, je vous souhaite de continuer à créer des ponts et à tisser des liens : avec les personnes et les vivants que vous rencontrerez, entre les disciplines que vous étudierez, entre les univers que vous explorerez.


En tant qu'entrepreneur dans l'éducation, je continuerai de bâtir des relations de confiance entre les acteurs de l’entreprise, du territoire et de l’éducation car une grande partie des réponses aux défis de notre Temps viendra de l’ouverture et de la collaboration en intelligence collective.   


En 2022, faisons de nos espaces, des lieux de relation et continuons de renforcer nos liens ! 


Belle année reliée… à vous-même, aux autres et au monde !


« Qui se soucie de cet entrelacement de causes invisibles, d’effets inconnus qui tissent la trame de nos jours ? » Paul Guimard


Concours du tissage du plus grand karma (foulard en coton à damier traditionnel du Cambodge)
Photo Samrang Pring à Phnom Penh