En ces temps mouvementés, il est grand temps de réaliser ensemble le « pari de la confiance » : pari de la confiance en soi, en les autres, en l’action, dans la jeunesse et surtout pari de la confiance en l’A-venir !
De l’importance d’y croire
En effet, de Saint Marc à Pascal Obispo, en passant par Steve Jobs, « l'important, c'est d'y croire. »
« Tout est possible à celui qui croit » (Marc 9:23)
« Ce qu’il faut, c’est croire en quelque chose : vos tripes, votre destin, votre vie, votre karma, peu importe. » Steve Jobs
Tous y croient. Tous croient qu’ils ont en eux cette étincelle qui enflamme le temps. Cela s’appelle la liberté. La force d’y croire brise des impossibles et met du sens dans les souffrances. Car la vie est parfois un torrent rude et une cascade de cruautés…
Mais croire, c’est aussi choisir de croire c’est-à-dire poser un acte de foi. La foi est une affaire de confiance (étymologie latine « cum-fides », littéralement « avec foi »). C’est adhérer à une proposition, non posséder la vérité.
« La confiance est un mot presque provocateur en ces temps de crise, de catastrophes écologiques, économiques, sociales, alimentaires et même... aériennes. Nous nous sentons le plus souvent impuissants, objets de forces que nous ne contrôlons pas dans un monde en pleine mutation. Les politiques semblent éloignés de nos préoccupations quotidiennes, les économistes sont dubitatifs, les financiers tentent de panser leurs plaies. Nous subissons... Et pourtant. On nous demande d’avoir confiance, en nous-même, en l’autre, en Dieu, en la vie. Dans ce contexte, garder espoir, avoir confiance en l’avenir de l’humanité et de la terre procède d’un tempérament, certainement, mais avant tout d’un choix. Le choix de faire son possible pour améliorer les choses sans désespérer, ni des autres, ni de Dieu. Garder confiance, c’est ne pas baisser les bras et continuer à marcher sur un chemin de justice en se disant ‘le reste nous sera donné par surcroît.’ » Marie-Caroline Durier
Même quand tout semble perdu, il reste l’espérance ‘qui ne déçoit pas’.
"Comment cela s'appelle-t-il, quand le jour se lève, comme aujourd'hui, et que tout est gâché, que tout est saccagé, et que l'air pourtant se respire, et qu'on a tout perdu, que la ville brûle, que les innocents s'entre-tuent, mais que les coupables agonisent, dans un coin du jour qui se lève ? (…) Cela s'appelle l'aurore." Jean Giraudoux – Électre
En 2024, « essayons d’être des redresseurs d’espérance » et croyons en nos capacités !
Le pari de la confiance en l'Autre
D’après Martin Steffens, « La confiance qu'on fait [à quelqu’un d’autre] a le courage de ne pas savoir : je ne sais pas à l'avance si le pari que je fais sur l'autre, et ce qu'il accepte en s'engageant, sera tenu. Il faudra peut-être recommencer : se fâcher, se remettre en question, puis pardonner, puis rebâtir. Car faire confiance n'est pas tendre à l'autre un piège : ce n'est pas lui demander plus qu'il ne peut afin de lui reprocher ensuite ses manquements. Faire confiance est un serment de fidélité : la confiance est patience, elle se tient aux côtés de l'autre, même et surtout quand il chute. Elle ne s'indigne pas, ne s'effarouche pas : elle soutient l'effort et sait la pesanteur. L'homme qui tombe pour la dixième fois ne saurait décevoir une confiance vraiment donnée car cet homme ne s'est-il pas relevée neuf fois ? »
Ce pari de confiance en l’autre, c’est donc supposer « la bonne volonté de jouer la carte de la grandeur de l’Homme plutôt que de rechercher d’incessantes garanties contre sa perversité. » Romain Gary
C’est aussi une question de regard bienveillant portée sur l’autre et accorder sa confiance à priori : ce qu’on appelle autrement la présomption de confiance qui permet de révéler l’autre en partant du principe que l’Homme est bon.
« Ce qu'il y a de plus beau à vivre, c'est de se sentir mis en confiance par quelqu'un, parce que la confiance révèle ce qu'il y a de mieux en chacun... La confiance est une expérience de libération. » Elena Lasida
La personne humaine apparaît quand elle entre en relation avec d’autres personnes, dit Martin Buber. Le monde subjectif, dit Siri Hustvedt, est aussi un monde inter-subjectif, le monde de moi et de toi, et tracer une frontière entre les deux n’est pas facile, parce que les autres font partie de nous.
Croire en le potentiel des autres et les regarder comme « des gens qui portent un trésor dans des poteries sans valeur. » (Corinthiens 4, 7-15)
« Traiter les gens comme s’ils étaient ce qu’ils pourraient être et vous les aiderez à devenir ce qu’ils sont capables d’être. » Goethe
Le pari de la confiance en l'action
"Agir, c'est parier sur ce qu'on ne connaît pas." Maurice Blondel
S’appuyant sur Albert Camus, nous osons dire : « Même dans un monde absurde, on peut agir. Le seul sens d'un monde absurde finalement c'est l'action. »
Si vous vivez dans un monde turbulent, qui change tout le temps, dans un monde où l'on perd ses repères, où il y a de l'accélération ; vous n’avez plus le temps de peser votre choix. Il reste cependant le choix de l'action : faire parfois un choix, prendre une décision, n'importe laquelle, puis à partir de ce moment là, tout faire pour que cette décision soit la bonne. En d’autres termes et en période de turbulence, la pertinence d'un choix de vie ne se construit plus avant de faire le choix mais la justesse d'un choix de vie se construit après qu'on ait fait ce choix.
C’est le sens du pari de l’action partagé par Philippe Gabilliet : « Pour certains, une bonne décision est avant tout une décision qui a été soigneusement préparée. Ce qui fait la qualité d’une telle décision est donc déterminée par ce que l’on fait AVANT de la prendre (…). Pour l’optimiste, la question se pose en fait en des termes tout à fait différents. Il veut lui aussi prendre la meilleure décision possible. Il est conscient (tout comme le pessimiste) qu’il existe sûrement de bonnes raisons de ne pas se lancer. Mais il va pourtant décider de le faire. Pourquoi ? Parce que pour l’optimiste, la qualité d’une décision ne se construit jamais a priori. En effet, dans la ‘vrai vie’, nous n’avons presque jamais le temps nécessaire pour laisser mûrir une décision. Des informations essentielles nous manqueront toujours ; et nous vivons dans un monde mouvant qui continue de bouger pendant que nous pensons à notre décision. Ainsi, pour l’optimiste, la ‘bonne décision’ sera la décision qu’il va prendre (quelle qu’elle soit et qu’il fera tout, ensuite, pour rendre vraiment ‘bonne’). Car pour un optimiste, ce qui détermine la qualité d’une décision qu’il prend, c’est toujours ce qu’il va faire APRES l’avoir prise ! »
Et le facteur déclenchant, pour les personnalités chanceuses, est presque toujours le passage à l'action : « Il peut arriver des choses à ceux qui attendent, mais uniquement celles laissées par ceux qui ont foncé », écrivait Abraham Lincoln. Car le chanceux récurrent est audacieux. Il fait confiance aux événements et fait le pari de l'action. Il n'hésite pas à demander, même s'il n'est pas sûr d'être entendu ; il essaye, même s'il n'est pas totalement prêt ; il fait confiance, quitte parfois à être trompé…
L’écrivain et savant allemand Johann Wolfgang von Goethe décrivait déjà au début du XIXe siècle tout ce qui se met en place à partir du moment où l’on s’engage : « En ce qui concerne tous les actes d’initiative, il y a une vérité élémentaire dont l’ignorance a déjà détruit d’innombrables idées et de superbes projets : au moment où l’on s’engage pleinement, la providence s’engage aussi. Toutes sortes de choses concourent à l’aider qui autrement ne se seraient jamais produites; tout un flot d’événements jaillit de la décision, suscitant en sa faveur toutes sortes d’incidents, de rencontres et d’aides matérielles imprévues, dont personne n’aurait pu penser ou rêver qu’elles lui arrivent. Quoi que vous fassiez ou rêvez de faire, faites-le. L’audace a du génie, du pouvoir et de la magie. Commencez dès maintenant ! »
Face à l'éco-anxiété, cette angoisse reliée à la crise écologique qui monte, le meilleur remède est peut-être l’action car « l’action est l'antidote du désespoir. » Joan Baez et « un esprit occupé n’est pas préoccupé »…
Pour les Optimistes de France, c’est bien un regard enthousiaste sur le monde qui engendre l’action ; et c’est l’action sur le monde qui nourrit en retour le regard optimiste sur ce dernier. L’optimisme s’affirme donc d’emblée comme ce cercle vertueux dans lequel on s’appuie sur ses forces pour reprendre le contrôle des événements, et ce afin de créer les ouvertures qui permettront de dégager les solutions, qui elles-mêmes contribueront à développer d’autres forces, etc.
« Etre optimiste, c'est faire un pari intellectuel et philosophique sur l'optimisation possible de la réalité : la vie est pleine de désagréments, les actualités apportent chaque jour leur lot de mauvaises nouvelles, mais l'optimiste sait qu'on peut arriver à faire mieux avec l'existant. »
Le pari de la confiance en l’Avenir
Voici un extrait d'un édito de la revue Usbek & Rica : ‘Croire au futur, c’est penser qu’il y a encore des pages de l’histoire humaine à écrire, qu’on peut s’en sortir, au lieu de renoncer et de se retirer sur son Aventin, dans sa Zad, son île libertarienne ou dans l’espace, comme si c’était déjà foutu ici-bas. Et surtout, nous croyons à un avenir en commun. (…) Croire au futur, c’est donc, tout bêtement, préférer l’altruisme à l’égoïsme. Aucun bâtisseur d’abri antiatomique n’a arrêté la guerre froide. Ceux qui s’y sont collés, ce sont les démocrates et les dissidents. Pareil aujourd’hui : alors que le monde semble courir vers l’abîme, grande est la tentation de faire l’autruche et de dire à la manière d’un Louis XV : « Après moi, le déluge. » A la place de cette démission eschatologique, nous avons envie d’ouvrir des perspectives enthousiasmantes aux générations futurs. Certes, encore des grands mots. Mais même un signataire épisodique de pétitions est plus utile qu’un survivaliste qui abdique.’
« Croire en l’avenir, c’est croire que ‘ce qui arrive’ est une promesse. (…) Cela suppose de croire en l’autre, en la vie, en demain, un tant soit peu en soi aussi. De garder, au coeur le nécessaire a priori d’espérance et de bienveillance sur ce qui vient, sur ce qui est nouveau, et même inattendu. Même si cela déroute. » Raphaël Buyse
Et s'il est facile de se convaincre que l'action d'un homme seul ne sert à rien, l'inaction a toujours un coût. Quand tout sera détruit dans les incendies ou les inondations, quand tous ceux qui en ont les moyens seront partis, que sera-t-il possible de faire ? Ce n'est jamais que l'aujourd'hui qui est l'instant propice pour agir !
Faire le pari de la confiance, c’est donc faire le pari,
- qu'il est préférable d'avoir la foi, que de ne pas l'avoir ;
- qu'il est préférable d'être optimiste que pessimiste (parce qu'à la fin du voyage, l’optimiste aura passé un meilleur moment)
- qu'il vaut mieux croire en l’autre qu'essayer de le contrôler ;
- qu’il vaut mieux agir dans un monde absurde et turbulent en perpétuel changement et accélération que de ne rien faire et de se laisser submerger...
Et même si nous avons des désillusions, des doutes ou des déceptions et que l'on se soit finalement trompé, cela ne veut pas dire que nous avons eu tort d'y croire, d'avoir fait ce pari de la confiance sur l'avenir : on est plus gagnant à avoir la foi, à être optimiste et à faire confiance !
« C’est une folie de haïr toutes les roses parce qu’une épine vous a piqué, d’abandonner tous les rêves parce que l’un d’entre eux ne s’est pas réalisé, de renoncer à toutes les tentatives parce qu’on a échoué. C‘est une folie de condamner toutes les amitiés parce qu’une d’elles vous a trahi, de ne croire plus en l’amour juste parce qu’un d’entre eux a été infidèle… » Le Petit Prince
En 2024, faisons donc le pari de la confiance et cultivons la gourmandise du futur !
Que 2024 nous donne l’élan de tracer des chemins d’espérance ! Belle année pleine de douceur et de transformations fécondes.